Le Port Vieux à Biarritz
Situé dans un recoin préservé de la côte basque, le Port Vieux de Biarritz est bien plus qu’un simple lieu de baignade. Il incarne à lui seul toute l’âme de la ville : un savant mélange de traditions maritimes, de récits fantastiques, d’architecture audacieuse et de culture populaire. Retour sur un lieu chargé d’histoires… et de mystères.
Des origines médiévales à la chasse à la baleine
L’histoire du Port Vieux débute dès 1152, lorsque les alliances princières et l’église protègent la côte et ses habitants. À cette époque, la vie s’articule autour de deux piliers : l’agriculture et la pêche. Très vite, la chasse à la baleine devient l’activité phare du port. On raconte qu’un guetteur posté sur le promontoire d’Atalaye surveillait jour et nuit l’horizon, prêt à alerter les marins à la moindre trace de souffle. Le dernier cétacé fut capturé en 1686.
Corsaires et créatures mythiques
Après le déclin de la pêche à la baleine, les marins se tournent vers la course maritime, devenant corsaires à la recherche d’aventures. À cette époque, la légende prend le pas sur l’histoire : sorcières (sorginak), sirènes ou encore dragons basques (Herensuge) alimentent les récits transmis de génération en génération. Les marins affirmaient que certaines créatures se transformaient en vagues pour couler leurs navires.
L’âge d’or impérial et la naissance de la villégiature
À partir du XIXe siècle, Biarritz connaît un essor sans précédent grâce à l’impératrice Eugénie, qui en fait sa résidence d’été. Avec elle, toute l’aristocratie européenne afflue au Port Vieux. Napoléon III fait bâtir l’Hôtel du Palais, les bains de mer deviennent à la mode, et l’architecture prend un tournant spectaculaire.
Victor Hugo, visionnaire, s’inquiète déjà du risque de voir ce paisible village de pêcheurs devenir une station balnéaire prisée. Mais le mouvement est lancé. En 1864, le fameux Rocher de la Vierge est aménagé pour servir de port de refuge.
La Villa Belza : entre fantasmes et fêtes somptueuses
Impossible d’évoquer le Port Vieux sans parler de la mystérieuse Villa Belza, perchée sur le rocher du Diable. Ce lieu, à la beauté étrange et à l’aura mystique, alimente les légendes urbaines. Dans les années 1920, elle devient le théâtre de soirées extravagantes, entre dîners russes et fêtes africaines peuplées d’animaux exotiques.
De la fête au fracas des bombes
En 1940, pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands commencent la construction du mur de l’Atlantique, creusant dans les falaises de Biarritz pour fortifier la côte basque. Le Port-Vieux devient un véritable gruyère, percé de tunnels et de tranchées. Encore aujourd’hui, certaines maisons conservent des trappes et des passages souterrains permettant de rejoindre l’océan discrètement. Le 27 mars 1944, Biarritz est la cible d’un bombardement meurtrier : 150 civils y perdent la vie.
Aujourd’hui : mémoire vivante et art de vivre
Aujourd’hui, le Port Vieux est à la fois un lieu de mémoire et un quartier vibrant, où l’on ressent encore l’énergie des marins d’hier et la folie joyeuse des années folles. Ses ruelles racontent les exploits des baleiniers, l’avènement des bains de mer, et les fêtes de la Villa Belza.
Loin d’être figé, le Port Vieux continue d’évoluer. C’est un lieu où passé et présent s’entrelacent, et où l’Atlantique rappelle que tout ici a commencé par la mer.