Les villas disparues de Biarritz
La Villa Marbella : le mirage andalou
Construite au XIXᵉ siècle, la Villa Marbella fut l’un des chefs-d’œuvre architecturaux de Biarritz, inspirée de l’Alhambra de Grenade. Elle symbolisait l’élégance orientale et l’art de vivre fastueux de la Belle Époque. Située entre les plages de la Milady et de Marbella, non loin du château d’Ilbarritz, elle bénéficiait d’un emplacement exceptionnel, paisible et ouvert sur l’océan.
Son architecture mauresque, ses mosaïques, ses jardins luxuriants et sa cour centrale surmontée d’une coupole en verre en faisaient une véritable merveille. Ce cadre unique accueillait des réceptions somptueuses. L’une des plus célèbres reste celle donnée en 1912 par le Maharajah de Kapurthala, symbole de l’internationalisme raffiné de Biarritz à son apogée.
Mais au fil du XXᵉ siècle, la villa perdit de sa splendeur. Endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale, elle changea de propriétaires et de fonctions, jusqu’à sa démolition dans les années 1970, victime des mutations urbaines.
Aujourd’hui, bien que disparue, la Villa Marbella reste vivante dans les mémoires et les archives. Elle incarne un âge d’or révolu de Biarritz.
La Villa Genin, dite "La Jacqueline" : vivre dans un donjon...
Nichée sur les hauteurs du quartier Saint-Charles à Biarritz, la Villa Genin (aussi connue sous le nom de "La Jacqueline") était l’œuvre originale d’Auguste Genin, ingénieur et visionnaire originaire de Bourgoin. Inspirée de la tour médiévale Guinette d’Étampes, cette étonnante demeure construite entre 1877 et 1886 attirait l'attention par son architecture singulière : un donjon crénelé de quatre étages, une coupole quadrangulaire en plomb, six tourelles dédiées à des amies, et un plan en trèfle.
Faite en pierre du Dauphiné avec des murs épais d’un mètre, elle dominait le paysage près du parc impérial. Entourée de mystères et de légendes (certains évoquaient même des corps cachés dans les échauguettes) la villa alimentait l’imaginaire des promeneurs.
Parallèlement à ce projet architectural fantasque, Auguste Genin joua un rôle central dans la modernisation de Biarritz, en lançant l’éclairage au gaz dans la ville. Il avait acquis le terrain auprès de la famille Lacombe, avant même de conclure le contrat d’éclairage.
Malheureusement, il ne put jouir longtemps de sa création : il mourut subitement en janvier 1889, à Nevers, peu après l’achèvement de la villa.
La Tour Genin fut détruite en novembre 1963, mais elle reste dans les mémoires comme un symbole de l’audace architecturale du XIXᵉ siècle à Biarritz, reflet de l’excentricité romantique d’un homme et de son époque.
La Villa La Rochefoucauld à Biarritz : le airbnb des rois
En 1873, le comte Gaston de La Rochefoucauld, alors secrétaire d’ambassade, commence à aménager une propriété de 5 hectares à Biarritz, inspirée des jardins à la française qu’il avait esquissés au Quai d'Orsay. Sa demeure, achevée en 1877, offrait une vue jusqu’à la villa Eugénie.
Chaque mardi, la comtesse organisait des salons musicaux, au cours desquels elle interprétait parfois ses propres œuvres. Le grand salon faisait alors parfois office de théâtre.
La villa, souvent louée temporairement, accueillit son premier locataire notable, Don José de la Gandara, qui y mourut en 1885.
En 1889, la reine Victoria choisit de séjourner à Biarritz, après le refus de la ville de Pau. La municipalité fut sollicitée pour loger une "famille distinguée" de 60 personnes. Le choix se porta sur la villa La Rochefoucauld. La reine arriva en train spécial avec sa suite et ses objets personnels, dont son âne, son lit en acajou et son fauteuil doré. Elle fut accueillie par le comte, qui lui remit une clé en or spécialement fabriquée.
D’autres hôtes illustres séjournèrent ensuite à la villa, comme la princesse Yourievski (épouse morganatique du tsar Alexandre II), accompagnée de ses enfants, d'une suite nombreuse et de cinquante chiens. En août 1906, la reine Nathalie de Serbie séjourna dans la villa, et en 1908, le roi Édouard VII y fut reçu par le comte et sa belle-fille, la princesse Pignatelli.
Le comte de La Rochefoucauld meurt en 1915. La propriété fut morcelée puis, en 1947, devint un lycée.