Biarritz, berceau du surf européen

Originaire du Pacifique, c’est à Biarritz que le surf a pris pied pour la première fois en Europe. Ce qui n’était au départ qu’un sport venu d’ailleurs est devenu ici une véritable culture, un art de vivre. 

Tout commence dans le Pacifique…

Bien avant de faire vibrer la Côte basque, le surf avait déjà conquis les vagues d’Hawaii. Dès le XVe siècle, les chefs de tribus hawaïens défiaient l’océan sur d’imposantes planches de bois pour affirmer leur pouvoir. C’est le navigateur James Cook qui, lors de son expédition dans les îles Sandwich (aujourd’hui Hawaii), fut témoin de cette étrange pratique. Son lieutenant, James King, en fera la toute première mention écrite dans un journal de bord.

Mais l’histoire moderne du surf doit beaucoup à Duke Kahanamoku, champion olympique de natation et véritable “père du surf moderne”. À force de démonstrations en Australie, aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande, il popularise la discipline au-delà de l’archipel hawaïen.  Le surf quitte l’océan Pacifique… direction la France !

Un film, une planche… et une révélation

L’histoire du surf à Biarritz démarre de façon presque cinématographique, au sens propre du terme. En 1956, l’équipe hollywoodienne venue tourner Le soleil se lève aussi s’installe sur la Côte basque. Parmi eux : Dick Zanuck, producteur et surfeur, flairant le potentiel incroyable des vagues locales. Il fait expédier une planche depuis la Californie, mais repart avant sa livraison...

C’est son collègue, le scénariste Peter Viertel (totalement novice) qui hérite de l’équipement et tente une session improvisée. Ce moment anecdotique marquera pourtant un tournant : le surf vient de faire son entrée en France, et c’est à Biarritz que tout commence.

Les “Tontons surfeurs” : pionniers made in France

L’année suivante, Viertel revient avec plusieurs planches et initie trois locaux à ce sport de glisse : Georges Hennebutte, Joël de Rosnay et Jacky Rott. Très vite, ce petit groupe s’étoffe, et une véritable bande de passionnés se forme : les “Tontons surfeurs”.

À l’époque, les planches sont lourdes, en bois, parfois construites maison. Mais les matériaux évoluent vite : polystyrène, fibre de verre et autres innovations vont peu à peu révolutionner la glisse. Hennebutte, surnommé “Géo Trouvetout”, invente même le célèbre leash, cette attache qui relie la planche à la cheville du surfeur. 

La Côte des Basques devient leur QG. En 1959, le Waïkiki Surf Club voit le jour, suivi quelques années plus tard par le Surf Club de France.

Les sixties : le surf s'affirme comme une culture à part entière

Dans les années 60, le surf ne se limite plus à un passe-temps de marginaux. Il devient un phénomène. L’héritier péruvien Carlos Dogny aide à structurer la discipline, les premiers championnats voient le jour, et les surfeurs français commencent à représenter le pays à l’international.

Biarritz change de visage : les planches s’accrochent aux toits des voitures, les cheveux s’allongent, et le rock résonne sur la côte. Le surf façonne l’image de la ville, qui passe d’élégante station balnéaire à spot tendance et décontracté. Un vrai virage culturel.

D’un sport confidentiel à une passion nationale

Depuis ces débuts épiques, le surf a conquis la France. Des Landes à la Bretagne, de la Méditerranée à l’outre-mer, les spots se multiplient. Mais Biarritz reste le cœur battant de cette histoire. En 2017, la ville accueille les championnats du monde de surf. La France, qui compte désormais plus de 70 participations à des championnats internationaux, a remporté pas moins de 11 titres mondiaux, toutes disciplines confondues (shortboard, bodyboard, longboard, para surf, etc.).

Biarritz et le surf, c’est une histoire d’amour, de vagues et de transmission.